Intégration dans l’enseignement ordinaire 

Une (ré)insertion dans l’enseignement ordinaire est-elle possible pour les élèves de l’enseignement spécialisé ?

L’enseignement en Belgique se veut inclusif : il est le premier pas (et le plus important) vers une société « sans exclusion », où les personnes, avec ou sans handicap, peuvent utiliser les mêmes infrastructures, partager les mêmes activités, avoir accès aux mêmes opportunités. L’enseignement inclusif accueille en son sein les élèves en situation de handicap, mais également les élèves primoarrivants, ceux ayant des situations familiales ou socio-économiques difficiles. En Belgique, notre système d’enseignement prévoit des aménagements raisonnables dans certaines situations. Plusieurs mécanismes sont également mis en place pour permettre aux enfants souffrant de handicap ou de difficultés d’apprentissage de suivre une scolarité la plus normale possible : le Décret Intégration, le PASS Inclusion, les aménagements raisonnables…

Les élèves, porteurs d’un handicap ou non, ont le droit de s’inscrire dans une école d’enseignement ordinaire. Les écoles ont l’obligation de prévoir des aménagements raisonnables pour les élèves porteurs de certains handicaps. Les seules raisons valables et légales qu’ont les écoles pour refuser une inscription dans l’enseignement ordinaire sont les suivantes : l’élève ou ses parents refusent de souscrire au projet éducatif de l’établissement ; l’élève a le statut d’élève libre ; l’établissement est complet.

Qu’est-ce qu’un aménagement raisonnable ?

Un aménagement raisonnable est une mesure concrète permettant de faciliter, autant que possible, la participation d’une personne en situation de handicap à la vie en société. Les aménagements raisonnables peuvent prendre différentes formes :

  • Cela peut-être un aménagement matériel : l’aménagement des infrastructures scolaires. Exemple : Brandon, 7 ans, dispose d’un local adapté pour se reposer lors de ses crises d’hyperactivité, et Gino, 15 ans, qui se déplace en fauteuil roulant, a tous ses cours dans le même local et ne change pas de salle pour chaque cours.
  • Cela peut également être des aménagements pédagogiques, pendant les cours : par exemple, Anna, 13 ans, a le syndrome de Gilles de la Tourette. Elle parle intervient souvent pendant les cours de façon inattendue. L’enseignant ne lui fait pas de remarque quand ça arrive et a expliqué à la classe pourquoi Anna réagissait comme ça.
  • Cela peut être des aménagements particuliers qui concernent directement l’élève, comme des aides spécifiques ; par exemple, Sophie est atteinte de dyspraxie, elle a donc le droit d’utiliser un ordinateur pour prendre note ; elle est également suivie par un thérapeute.

Le but ici est de compenser les désavantages qu’un élève en situation de handicap peut rencontrer lors de sa scolarité, pour qu’il puisse progresser sur un pied d’égalité avec les enfants qui ne sont pas en situation de handicap.

Certaines associations et certains organismes aident les élèves et les établissements qui mettent en place des aménagements raisonnables ; par exemple, l’AViQ (Agence pour une Vie de Qualité) et le service PHARE (Personne handicapée Autonomie Recherchée) peuvent intervenir dans des frais de matériel nécessaire en classe ou à domicile (ordinateur personnel, barrette Braille, logiciel de communication…), dans les frais de déplacement école – domicile, dans les frais de séjour en internat…

Des services ambulatoires proposent également des accompagnements individuels et peuvent être des « soutiens à la scolarité », en accompagnant le jeune pendant des activités scolaires : en région Wallonne, les Services d’Aide Précoce (SAP – pour les enfants jusqu’à 8 ans), des Services d’Aide à l’Intégration (SAI – pour les jeunes entre 6 et 20 ans), les Services d’Accompagnement (SAC – à partir de 19 ans), et les Services d’Accompagnement (SA) en région Bruxelloise.

Une école ne peut pas refuser une demande d’aménagement, à partir du moment où cet aménagement est considéré comme raisonnable. Par raisonnable, on entend que :

  • L’aménagement a un coût raisonnable. Il faut donc tenir compte des moyens financiers de l’école. Si l’établissement peut être remboursé (totalement ou partiellement) par les services publics, il sera plus facilement considéré comme raisonnable.
  • L’aménagement sera plus facilement considéré comme raisonnable s’il a des chances d’être utilisé régulièrement et sur le long terme.
  • S’il ne perturbe pas trop l’organisation en classe et dans l’école, il sera également plus facilement considéré comme raisonnable.
  • L’aménagement ne doit pas constituer un obstacle pour les autres élèves pour être considéré comme raisonnable.
  • L’aménagement sera aussi plus vite considéré comme raisonnable si aucune autre alternative ne peut être trouvée.

Pour demander un aménagement raisonnable, il faut faire ces démarches :

  • L’élève et/ou ses parents expriment leur demande auprès du PMS, de l’équipe enseignante, de la direction et du pouvoir organisateur, en explicitant quels sont les besoins de l’élève.
  • Une réunion de concertation est ensuite organisée, réunissant les différents acteurs (élève, parents, équipe enseignante, PMS, direction, Pouvoir Organisateur… et tout autre acteur utile –professionnel de la santé, logopède, conseiller pédagogique…).
  • Les décisions sont retranscrites par écrit.
  • Les différents acteurs se réunissent périodiquement pour évaluer la pertinence des aménagements.

Et si l’école refuse d’inscrire un élève en situation de handicap ?

  • Les parents peuvent s’adresser à la Direction générale de l’Enseignement obligatoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles (pour l’enseignement obligatoire).

Le Décret Intégration

Le Décret Intégration de 2009 a comme but de rapprocher l’enseignement ordinaire et l’enseignement spécialisé, de manière à rendre notre système belge éducatif le plus inclusif possible. Un élève inscrit dans l’enseignement spécialisé peut être partiellement ou totalement inscrit dans une école « ordinaire ». Cette intégration peut être envisagée après une discussion avec les parents de l’élève, l’école ordinaire et le centre CPMS de l’école. Chaque projet d’intégration est un projet individuel –un plan d’apprentissage (Plan Individuel d’Apprentissage – P.I.A) est à mettre en place avec l’élève et l’école. L’intégration scolaire peut prendre quatre formes :

  • Une intégration permanente totale
  • Une intégration temporaire totale (pour une durée déterminée)
  • Une intégration permanente partielle (pour une partie des cours)
  • Une intégration temporaire partielle (pour une partie des cours et une durée déterminée)

Le suivi de l’élève est assuré par une équipe pédagogique de l’enseignement spécialisé, selon ses besoins. Grâce à la mise en place d’aménagements raisonnable, de nombreux élèves rejoignent l’enseignement ordinaire (la grande majorité des élèves en intégration venant surtout du type 1 et du type 8). En 2013- 2014, on compte que 206 écoles spécialisées et 687 écoles ordinaires collaborent dans le cadre de projets d’intégration.

Le « Pass Inclusion »

Le PASS Inclusion est une initiative du Cabinet de la Ministre Simonet, en collaboration avec la Fondation Dyslexie. Il permet de favoriser le dialogue entre l’élève, les parents, les enseignants, la direction et les autres professionnels qui accompagnent l’élève. Ce Pass Inclusion est coordonné par le centre PMS de l’école et a comme objectif de mieux accompagner les élèves souffrant de troubles d’apprentissage et qui souhaitent évoluer dans l’enseignement ordinaire. Sont concernés les élèves présentant des troubles DYS, les élèves à haut potentiel, souffrant de TDA avec ou sans hyperactivité, les enfants autistes avec syndrome d’Asperger, et tous les élèves bénéficiant du Décret Intégration dans l’enseignement ordinaire.

Résultats du Décret Intégration et autres initiatives

L’intégration des enfants à besoins spécifiques est perçue comme bénéfique pour les jeunes en situation de handicap comme pour les autres élèves de la classe : il s’agit de confronter plusieurs manières de voir le monde, de s’ouvrir à la différence, de repenser la pédagogie et les méthodes de travail pour qu’elles soient adaptées à chaque élève. Certains aménagements pensés spécifiquement pour certains élèves peuvent profiter à toute la classe (si le professeur utilise plus de visuels, ralentit, propose des formes d’évaluation formative… cela est bénéfique pour tout le monde !).

Cependant, beaucoup de moyens doivent encore être mis en place pour vraiment avancer vers un enseignement totalement inclusif (autant qu’il puisse l’être) : les enseignants bénéficient encore d’une formation trop limitée concernant les besoins spécifiques des élèves. Un travail doit également être réalisé avec les parents et les centres CPMS afin de juger de la pertinence de l’intégration d’un élève, qui n’est pas toujours la solution pour tous (il s’agit d’un projet individuel qui correspond à certains élèves mais pas à d’autres !). Les attentes de certains parents sont parfois peu réalistes, tout comme les réticences de certains enseignants ou certaines directions ne sont pas toujours justifiées.

La situation des élèves de type 8 est également à prendre en considération : étant donné qu’il n’y a pas d’enseignement spécialisé type 8 en secondaire, le passage du spécialisé à l’ordinaire est parfois compliqué, l’accompagnement parfois trop limité ou pas adapté.

Grâce à tous les mécanismes cités ci-dessus, l’évolution vers une école inclusive est réellement entamée depuis le Décret de 2009. L’inclusion de tous les élèves dans un enseignement ordinaire mais respectueux des besoins de chacun est toujours un enjeu aujourd’hui. Il s’agit d’ailleurs de l’un des objectifs du Pacte pour un Enseignement d’Excellence : décloisonner l’enseignement ordinaire et spécialisé, accroître les collaborations entre les deux types d’enseignement et faciliter la mise en place d’aménagements raisonnables.

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