L’enseignement spécialisé de type 8 est organisé uniquement en primaire et accueille des enfants qui souffrent d’un ou de plusieurs troubles spécifiques d’apprentissage, dans des domaines comme le langage, la parole, la lecture, l’écriture ou le calcul. Les enfants concernés par le type 8 ne présentent pas de retard mental ; leur intelligence est normale. Leurs troubles instrumentaux et éventuellement leurs troubles du comportement (hyperactivité par exemple) sont cependant assez spécifiques pour demander des aménagements particuliers.
Les troubles instrumentaux
Les troubles instrumentaux sont des troubles spécifiques du langage, de l’écriture, de la gestuelle, altérant les capacités d’apprentissage d’un élève (qui ne présente pas de retard intellectuel ni de handicap sensoriel). On les appelle également les troubles « DYS » (dyslexie, dyspraxie, dysgraphie…). Depuis les années 2000, de nombreux efforts ont été faits pour faciliter le diagnostic (souvent difficile) des enfants souffrant de ces troubles DYS. De nombreux aménagements et de nombreuses méthodes ont été également mises en place, y compris dans l’enseignement ordinaire, pour faciliter l’adaptation des jeunes souffrant de ces difficultés d’apprentissage. En moyenne, par classe, il y a au moins un enfant qui est atteint de l’un de ces troubles : dyslexie, dyscalculie, dysorthographie. Que signifient exactement ces mots, quels sont ces troubles ?
La dysphasie
La dysphasie est un trouble qui touche le développement du langage oral de l’enfant, qui a tendance à parler tardivement, avec difficultés. Ce n’est ni un indicateur d’un trouble psychologique ni un trouble de la communication (comme peut l’être l’autisme). L’enfant a des difficultés à mémoriser des informations et il a du mal à les exprimer, alors qu’il comprend parfaitement. Les symptômes de la dysphasie sont variés : l’enfant a du mal à apprendre du nouveau vocabulaire, à acquérir des mots abstraits, à différencier les différentes notions temporelles (avant, après, plus tard…) ou les termes spatiaux (en haut, en bas, à gauche…). L’enfant a également du mal à trouver ses mots, à composer ses phrases.
La dyslexie
Un enfant est dit dyslexique lorsqu’il éprouve des difficultés à s’exprimer par écrit ; l’apprentissage de la lecture et la compréhension de l’orthographe est difficile.
La dysgraphie
La dysgraphie est un trouble « graphomoteur » qui rend difficile l’apprentissage des gestes de l’écriture. Cela affecte l’écriture dans son tracé, l’enfant ayant du mal à coordonner ses gestes et à trouver la bonne posture pour écrire.
La dyscalculie
La dyscalculie est un trouble qui affecte l’apprentissage numérique ; les enfants souffrant de dyscalculie prennent plus de temps pour faire des calculs simples, ils ont aussi plus de difficultés à mémoriser les chiffres et à les visualiser.
La dyspraxie
La dyspraxie est un trouble psychomoteur qui provoque un manque de coordination des mouvements, et accentue les difficultés à se situer dans le temps et dans l’espace (difficultés à repérer sa droite et sa gauche, à s’orienter, à faire des mouvements clairs et précis -faire ses lacets, boutonner une chemise…
Troubles d’apprentissage et difficultés d’apprentissage
Les troubles d’apprentissage sont nombreux et variés. Un élève peut souffrir de plusieurs troubles d’apprentissage simultanément, l’un n’en exclut pas un autre (au contraire : il n’est pas rare qu’un enfant souffrant d’un trouble DYS soit également affecté par d’autres troubles DYS). Souvent, ces troubles se développent simultanément avec un trouble déficitaire de l’attention (TDA), avec ou sans hyperactivité.
Attention cependant de ne pas confondre « difficultés d’apprentissage » et « troubles d’apprentissages » : les difficultés d’apprentissages peuvent être résolues grâce à du soutien scolaire, des séances de remédiation et des cours de méthode de travail… Alors qu’un trouble de l’apprentissage est considéré comme un « handicap » : il faut apprendre à vivre avec, s’il est possible d’atténuer ces troubles grâce à l’aide de spécialistes (logopèdes, psychologues, neuropédiatres…), ils seront toujours latents. Avec les outils appropriés, le soutien nécessaire et une méthode de travail adaptée, un enfant souffrant de troubles DYS peut cependant aller au bout d’une scolarité normale, au même titre que les autres. Il appréhende simplement le monde d’une autre manière : c’est également à l’école de s’adapter et de comprendre cette nouvelle façon de penser le monde.
Le diagnostic
Le diagnostic des troubles DYS est souvent difficile ; c’est d’ailleurs la raison pour laquelle de nombreux enfants se retrouvent « sur le carreau » ; ils n’ont pas été diagnostiqués et leur retard est associé à un retard mental ou à de la paresse. Aujourd’hui, on prête beaucoup plus attention aux symptômes des troubles DYS, qui sont très variés. L’enseignant a un rôle fondamental : c’est lui qui doit repérer les indices qui pourraient laisser deviner des éventuels troubles DYS. S’il décèle quelque chose de « suspect », il doit informer l’élève et le diriger vers le centre PMS de l’école afin de préciser le diagnostic. Ces symptômes peuvent éventuellement être des indices de troubles instrumentaux :
- L’enfant a du mal à coordonner ses mouvements (faire ses lacets, boutonner un vêtement, mettre ses chaussures…)
- L’enfant a du mal à se situer dans le temps (jours de la semaine, matin, après-midi, tantôt, plus tard, avant, après… Tous ces concepts sont flous pour lui).
- L’enfant a du mal à se repérer dans l’espace et à acquérir les notions de droite et de gauche.
- L’enfant a du mal à répéter des phrases, à énumérer des objets, à chanter des comptines…
- L’élève rencontre des difficultés pour lire à haute voix, il confond les syllabes, oublie des lettres ou les inverse…
- L’enfant a des problèmes pour intégrer des règles d’orthographe et de grammaire : il confond le genre et le nombre, fusionne des mots (lenfanva au lieu de l’enfant va)…
Pour confirmer des « doutes », il faut s’adresser au psychologue du centre PMS de l’école, à un neuropédiatre, un neuropsychologue, un logopède ou un centre de guidance et services et santé mentale.
Les solutions
Lorsque le diagnostic est posé, plusieurs solutions s’offrent à lui :
- Il peut rester dans l’enseignement ordinaire grâce à des aménagements spécifiques : évaluations formatives et sommatives, remédiations, nouvelle méthode de travail… L’enseignant peut également permettre à l’élève de prendre note sur un ordinateur, d’utiliser des logiciels d’aide à la lecture, donner d’autres types de supports écrits plus aérés… Les écoles à pédagogie active permettent souvent à chaque enfant d’avancer à son rythme et facilitent donc la mise en place de ce type d’aménagement.
- Il peut être orienté vers l’enseignement spécialisé de type 8, mais en étant intégré à temps plein ou à temps partiel dans une école fondamentale de l’enseignement ordinaire.
- Il peut être intégré dans l’enseignement de type 8, dans une école d’enseignement spécialisé.
A savoir que l’objectif principal de l’enseignement de Type 8 est de réintégrer les élèves dans l’enseignement ordinaire. Dans le secondaire, il n’y a plus ni enseignement de type 8 ni classes intégrées ; les élèves de primaire de Type 9 sont donc soit redirigés vers l’enseignement ordinaire, soit vers un autre type d’enseignement spécialisé (malheureusement pas toujours adapté à leurs besoins). Les enfants souffrant de troubles DYS sont tout à fait capables d’assimiler les contenus dispensés en 1ère année commune ; cela demande juste des aménagements particuliers (taille des caractères, méthode d’évaluation, absence de recto-verso…). On remarque cependant que de nombreux élèves s’orientent plus systématiquement vers des filières professionnelles, moins exigeantes par rapport aux matières « classiques » (langues, mathématiques…).
Pour que cette intégration soit la plus réussie possible, il faudrait que les enseignants du secondaire soient plus formés aux troubles d’apprentissage ; il faudrait aussi s’assurer que les écoles disposent des ressources nécessaires pour mettre en place des aménagements et des méthodes individualisées. La situation n’est toujours pas idéale en Fédération Wallonie-Bruxelles, mais de nombreuses initiatives naissent aujourd’hui pour assurer une meilleure intégration des troubles DYS dans l’école ordinaire (le projet d’un « Pass inclusion », par exemple).
Quelques liens et contacts :