Les pédagogies alternatives – Lexique

Le guide des écoles recense des centaines d’écoles bruxelloises qui ont chacune leurs particularités. Chaque école est unique et propose des méthodes intéressantes qui peuvent correspondre à certains mais pas à d’autres. L’enseignement est le miroir de la société : pour bien fonctionner, il se doit de s’adapter, de changer, d’évoluer… Nombreux sont les établissements et les enseignants qui tentent de s’inspirer des méthodes de grands pédagogues pour repenser l’école, petit à petit. Cet article est un lexique expliquant les différentes pédagogies alternatives existantes.

 

La pédagogie active

Les pédagogies actives considèrent l’enfant comme étant acteur de son apprentissage. Elles partent de l’expérimentation pour en induire des règles plutôt que le contraire.

Le sociologue Jean Cornet classifie les pédagogies actives en trois grands types :

  • « auto-socio-constructiviste » : Les élèves sont « tous capables, tous chercheurs, tous créateurs ». L’élève est placé autant que possible devant des situations-problèmes pour construire son savoir  par lui-même et grâce aux autres.
  • « institutionnel » : L’accent est placé sur le groupe, la collaboration, « l’agir ensemble ». L’élève grandit, gagne en confiance et parvient à s’exprimer librement grâce à l’émulation collective.(exemple : pédagogie Freinet)
  • « personnaliste » : Le respect des rythmes et de la personnalité de l’enfant est primordial. Une grande liberté est accordée à chaque enfant tout en respectant le groupe. (exemple : pédagogie Decroly, Montessori)

Pédagogie Decroly

Ovide Decroly (1871-1932) est un médecin belge qui fonde deux écoles à Bruxelles au début du 20è siècle.

Chez Decroly, la prise en compte de la globalité de la personne est importante. La curiosité naturelle de l’élève est encouragée. C’est à partir de sa curiosité, de ses centres d’intérêt et de son environnement, source de découvertes, que l’enfant construit ses apprentissages. L’enseignant est un guide bienveillant et garant de l’acquisition des savoirs.

Pédagogie Dewey

John Dewey (1859-1952) est un psychologue et philosophe américain.

La pédagogie de Dewey envisage l’école comme un lieu d’expérimentation de la démocratique. Au centre du programme figure ce que Dewey appelle l’« occupation », c’est-à-dire « un mode d’activité, de la part de l’enfant, qui reproduit un type de travail exercé dans la vie sociale ou lui est parallèle » (Dewey, 1899, p. 92). Les contenus d’apprentissage sont reliés à leur utilité fonctionnelle, à ce que ces savoirs permettent à l’enfant de réaliser dans la vie de tous les jours. Les expériences de l’élève sont là pour lui permettre de communiquer, de construire, de chercher à savoir et d’affiner son expression.

Pédagogie du projet

Cette pratique d’enseignement consiste à construire un projet concret – individuel ou collectif – qui servira de cadre de départ aux apprentissages du français, des mathématiques, de la géographie, des sciences, etc. Lors de la démarche de projet, l’élève est placé en situation de résolution de problèmes. Il participe ainsi pleinement au processus d’intégration de nouveaux savoirs.

Construire ses savoirs à travers la réalisation d’une production concrète (organisation d’un spectacle, d’un voyage, réalisation d’un exposé) permet à l’élève de donner du sens à ses apprentissages, d’en être l’acteur, mais aussi de s’éveiller au monde et de se projeter dans l’avenir. L’enseignant est là pour aider, accompagner et conseiller l’apprenant.

Pédagogie Freinet

Célestin Freinet (1896-1966) est un instituteur français qui prôna une méthode naturelle fondée sur le tâtonnement expérimental, le plaisir d’agir et la libre expression.

La pédagogie Freinet met l’accent sur le groupe, le collectif, la collaboration et la coopération entre les élèves. C’est par l’émulation collective positive que l’élève grandit. On retrouve souvent une organisation multi-niveaux où les plus grands aident les plus petits. Agir ensemble, élaborer des projets communs pour gagner en confiance et parvenir à s’exprimer librement. Chez Freinet, l’évaluation se fait à travers de véritables dialogues et non via des notes.

Pédagogie globale

Démarche d’enseignement qui recherche le développement global de l’apprenant : elle attache donc une importance égale à ses dimensions cognitive, physique, affective, sociale, artistique et créative, celles-ci étant jugées complémentaires.

Cette pédagogie mise sur une approche interdisciplinaire et la transférabilité des connaissances construites.

Pédagogie humaniste rogérienne

Carl Rogers (1902-1987) est un psychologue humaniste américain. La pédagogie humaniste rogérienne place l’élève au centre des apprentissages et met l’accent sur l’importance de l’expérimentation et de l’auto-découverte. L’enseignant joue un rôle de « pédagogue facilitateur » en créant un cadre et un climat empreints de confiance et d’authenticité.

Dans la pensée de Rogers, « l’apprentissage doit englober les idées et les sentiments ». Certes, le savoir augmente la quantité des informations mises en mémoire mais il change l’individu. L’auto-critique et l’auto-évaluation sont des concepts essentiels.

Pédagogie Montessori

Maria Montessori (1870-1952) est une médecin italienne qui créa en 1907 la « Maison des Enfants » dans un quartier pauvre de Rome. Elle préconisait une pédagogie de l’autonomie : « aide-moi à le faire seul ».

La pédagogie Montessori est basée sur le rythme individuel de l’élève. Elle se centre sur l’éveil sensoriel et kinesthésique de l’enfant. C’est à travers ses sens que l’enfant découvre le monde et progresse vers le savoir.

Pédagogie participative

La pédagogie participative vise à faire naître et à encourager l’autonomie, le sens des responsabilités et la coopération en mettant les élèves en situation de participation, d’action et de responsabilité.

Pédagogie Petersen

Peter Petersen (1884-1952) est un philosophe allemand, professeur à l’Université d’Iéna.

La pédagogie Petersen propose une organisation en « classes verticales » (classes composées d’élèves d’âge et de niveau différents) où on alterne les temps de travail individuel et en groupe en vue de favoriser l’entraide, la socialisation et le respect des rythmes individuels. L’enseignement est centré sur le développement cognitif, psycho-moteur et socio-affectif des enfants. Cette pédagogie vise à la fois l’autonomie et l’indépendance de chaque élève tout en soutenant des valeurs de solidarité, d’égalité des chances et de respect d’autrui.

Pédagogie Salésienne

Don Bosco (1815-1888) est un prêtre italien qui a voué sa vie à l’éducation de jeunes enfants issus de milieux défavorisés. Sa pédagogie salésienne se fonde sur trois mots-clés :

  • l’amorevollezza, la bonté affectueuse. Une attitude pleine d’accueil, de sourire, d’amitié chaleureuse qui instaure rapidement la relation
  • la famigliareta, l’esprit de famille. Créer un climat où chacun se sente chez soi. Permettre à chacun de trouver sa place, faire sentir que chacun est important.
  • l’allegria, la joie. Rien de tel pour ressouder une équipe, démarrer sa journée, et parfois dépasser ses propres difficultés.

Pédagogie Steiner

Rudolf Steiner (1861-1925) est un philosophe autrichien. Il a élaboré une pédagogie qui se base principalement sur la créativité artistique de l’enfant et sur son ouverture au monde. Les idées fondatrices sont celles de liberté et de confiance.

Dans les écoles Steiner, les enfants sont considérés comme des êtres autonomes capables de sentir, de penser et d’agir seul. Les enseignants proposent aux élèves des activités artistiques et pratiques ainsi que des cours plus académiques. L’éducation vise à épanouir les potentialités singulières de chaque enfant. Tous les talents sont valorisés sans hiérarchisation.

L’école se réinvente

Tous ces philosophes, pédagogues, psychologues, ont pensé à de nouvelles manières d’apprendre. Si ces initiatives se limitaient généralement à l’enseignement maternel et primaire, on note aujourd’hui qu’il s’agit d’un mouvement généralisé qui s’étend jusqu’aux secondaires (et même en supérieur, certains professeurs adaptent également leurs méthodes).

Face aux nombreuses mutations technologiques, à l’apparition de nouveaux canaux d’information et de communication,  l’école se remet en question, se réinvente, elle repense son histoire, remet en question ses manières de voir le monde. La société change, l’école aussi. Si certains établissements se revendiquent exclusivement d’un courant ou d’un autre, rares sont ceux qui ne réinventent pas l’apprentissage en empruntant les idées des différents courants. L’envie de créer une école plus juste, plus vivante, plus créative, germe un peu partout et ces systèmes d’éducation un peu particuliers deviennent de moins en moins élitistes.

 

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